Résumé de l’épisode précédent : Nuit blanche pour Dan. Le samedi sera long !

LA DER DE DAN

texte : Blanche HERROUGE – photos : Diane AGASSAN

Cinquième épisode : La Gaga monte au créneau

Dan sortit du gîte le dernier. Les quatre enchaînements complets avaient été entrecoupés de plusieurs corrections individualisées. Il s’était agi de replacer ici une main, là un coude ou un pied qui avaient quitté par inadvertance l’axe qui leur était imparti. Les dixièmes de point engrangés étaient au prix de ces détails à peaufiner inlassablement. Divine surprise : Ce travail parfois fastidieux avait permis à son équipe d’avoir présenté le meilleur mouvement au dernier Régional. Mais les couronnes de lauriers sont éphémères et l’effectif du groupe s’était enrichi entretemps de deux unités. Cet appréciable surcroît de confort aux agrès individuels pouvait aussi bien devenir un handicap pour cette prestation d’ensemble…

Remontant l’allée caillouteuse, Dan fut tiré de ses pensées par une double ola d’honneur qui l’encadrait. Il leva la tête et vit en face de lui quatre paires de jambes surmontées de la banderole qui lui avait été offerte à l’Isle-Adam. A son approche, elle s’abaissa, dévoilant les visages hilares d’Anthéa, Cyrielle, Pauline et Marie (troisième représentante de ce prénom, record absolu du weekend devant les deux Estelle, Pascal et Valérie). Ces fidèles du club n’auraient manqué pour rien au monde ces moments uniques ! James, venu seul, restait modestement à l’écart du quatuor. Dan s’empressa de le saluer chaleureusement avant de se retourner vers les demoiselles pour une nouvelle tournée de bises.

Ces renforts étaient les bienvenus. Car le moment était venu pour la troupe ainsi constituée de reprendre la route pour partir à l’assaut de la cité du bon roi René.

La première enceinte était bien défendue. Une escouade de sentinelles vêtues d’un uniforme orange contrôlait l’accès de tous les arrivants. Toutes les besaces personnelles furent fouillées, ainsi que la malle contenant baumes et onguents destinés aux soins nécessités par chaque campagne. Mais on n’y découvrit pas les armes de la compagnie rouge et blanche, soigneusement cachées ailleurs : Amitié, solidarité, détermination et ténacité ne peuvent tenir dans de simples sacs ! Quant aux plans de bataille élaborés par Dan, ils étaient chiffrés de telle sorte qu’il était le seul à savoir les lire.

Ayant pris place sur son trône de voyage dressé prestement à l’entrée de la basse-cour, il jouissait pleinement du spectacle qui s’offrait à lui. Un navire battant pavillon noir avait jeté l’ancre dans les douves. De son bord jaillissaient régulièrement d’immenses clameurs. Ah ça, ces soudards auraient-ils les mêmes intentions de victoire que lui ? Ou ces créatures sans foi ni loi n’avaient-elles pour unique ambition que de s’emparer de la plus grande richesse d’Angers, la tenture de l’Apocalypse ? Dans ce cas leurs projets ne seraient pas communs, car la Gassendiana n’était pas venue ici pour y faire tapisserie…

Plus près de lui, de nombreuses jouvencelles s’adonnaient à jeux et ris en occupant avec jubilation l’espace. Dominique se joignit à elles pour tester son adresse. Sa main gauche catapulta moult bourses contenant un quart de litron de grains vers un orifice de quatre pouces de diamètre placé à une quinzaine de pieds d’elle. Elle dut en conclure que sa technique du tir en rafale était peu adaptée à cet exercice.

Soudain, surgie de nulle part, une jeune femme se prosterna aux pieds de Dan, telle un vassal implorant la grâce de son suzerain. Etait-ce dû à la relative proximité des deux villes ? Certains crurent un instant voir Jeanne d’Arc agenouillée devant le dauphin Charles à Chinon. Ce n’était pourtant point la pucelle d’Orléans qui se tenait céans, mais bien Elise qui apparaissait enfin dans cette aventure. La position de soumission qu’elle adoptait traduisait le sentiment de honte qu’elle éprouvait à mettre en péril par son retard le bel ordonnancement de son mentor. Celui-ci, grand seigneur, feignit l’indifférence et lui fit signe de se relever. Il savait quelles préoccupations matrimoniales l’habitaient en cette fin de saison et lui était reconnaissant de la voir nonobstantt à ses côtés pour cette ultime joute commune.

Ces considérations lui firent refermer cette parenthèse médiévale. Il se rassura en pensant qu’il serait plus aisé d’investir le Parc des Expositions en ce jour que d’assiéger jadis le château des ducs d’Anjou. Toutes les pièces du puzzle étant enfin réunies, il n’y avait plus de temps à perdre. Leur vernis de rattrapage était à peine sec que les pieds d’Elise participèrent activement aux trois nouvelles répétitions du mouvement d’ensemble. La dernière se déroula, selon la coutume, sur le parking extérieur en guise d’apéritif.

Servies juste après, les écuelles garnies de salades de pâtes firent encore moins long feu que Jeanne au bûcher. Assises en cercle, à même le sol du hall, les filles avaient hâte d’offrir à Dan une autre image du passé.

Est-il bon d’avaler rapidement des sucres lents ? Notre héros a-t-il eu les honneurs d’une collection Panini ?
Vous le saurez sans doute dans le sixième épisode de LA DER DE DAN .

A suivre…